mardi 16 mars 2010

Une passade manquée.


Je l’ai d’abord trouvé bel homme. Distant. Sûr de lui. J’étais intimidée. Il est arrivé après nous tous, qui déjà, avions pris place autour de cette table inattendue sur un plateau de théâtre. Première séance de lecture. Présentation des autres et de chacun. Qui fait quoi. Qui dit quoi. Qui est qui. Lui nous éclairerait, alors ?

Les semaines qui suivirent se remplirent du texte à jouer, de ses interprétations diverses. Très vite, nos corps prirent la scène d’assaut. Nous avons rempli l’espace à tâtons. Puis de plus en plus précisément. Presque. Au néon.

Un matin de énième répétition, il réapparut. En silence. S’assit et regarda, écouta. Trouble en moi. Mon texte disparut de partout ; de ma mémoire ; de ma loge. Noir.

Un autre jour il éclaira un peu, pour voir. A tâtons, là encore. Essais. Pendant que nous jouions de plus en plus précisément. Nos mouvements se fixaient au plateau. Réglages. Silence.

Je connaissais son nom. Je connaissais sa voix qui profitait à d’autres. Timide sur et hors plateau. Troublée.

Semaines et semaines plus tard, nous investîmes tous l’endroit pour ne plus le quitter que tard le soir. La première approchait. Filages, réglages, italiennes et allemandes se succédèrent. Pauses repas entre. Tous ensemble. Moi silence. Comme bouche bée.

Puis première. Puis tournée. Texte, mouvement, lumière mais silence. Attraction sans réaction. Noir.

Dernière date. Rideau.

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