vendredi 2 avril 2010

Note d'intention


A dix-neuf heures, elle était satisfaite. Carreaux propres, amendes réglées, verre bu, Soline et Fiona parties, surgelés soldés achetés/rangés. Puis elle avait commencé de compiler quelques idées qui agrémenteraient sa note d’intention. Ah !

Alors que le tonnerre de mars grondait à tout va dans la rue, elle pestait encore une fois contre les scribouillards de la société des droits d’auteurs qui attendaient sa fichue note d’intention. Pourquoi n’existait-il pas une liste préétablie des œuvres que l’on aurait ou pas le droit d’utiliser au théâtre ? Pourquoi ce cas par cas si laborieux ? Sa fainéantise s’en trouvait d’autant plus malmenée qu’elle se sentait bien incapable d’élaborer quelque note d’intention que ce soit.

« Je veux être Jean-Louis Trintignant ! ». Un peu court. Un peu débile, aussi. Irrecevable, en somme.

La question devait incontestablement être remise à plus tard. Il était incontestablement l’heure de dîner. Une bonne raison de lâcher ce stylo qui n’avait finalement servi à rien. Incontestablement.

Après dîner, elle avait préféré voir un film de Chéreau plutôt que de se replonger dans son projet de note d’intention avorté avant même une première ligne manuscrite. Rien à faire ! Elle aimait davantage savourer le travail déjà fourni par d’autres.

Envie d’abord de retravailler avec Dominique Blanc, envie de partager quelque chose, de faire exister ce quelque chose.
Envie alors de se confronter à ce texte terrible. De se ressouvenir de ça : la Résistance, la Libération, les camps, cette période impensable et qu’on a oubliée. Et puis le retour incroyable de cet homme dont Marguerite Duras s’est séparée et qu’elle aime, l’horreur de l’attente, la splendeur de sa résurrection à lui – qui est aussi un peu son œuvre à elle.
L’espoir fou.
Transmettre tout cela, humblement, à des spectateurs.
Patrice C.

Pas sorcier. Fainéante !


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