vendredi 4 juin 2010

Atelier


« Je dois filer, je suis en retard », avait-elle dit en s’éloignant très vite de cette terrasse de café où tous nous étions réunis pour rien. « En retard vers où ?», avais-je alors demandé à l’assemblée qui, elle, semblait comme qui dirait dans la confidence. « A son atelier », avait-elle répondu, l’assemblée. « Ah parce qu’elle bricole, maintenant ? », avais-je alors encore demandé. « Elle écrit », avait rétorqué l’assemblée ou une partie d’elle, je ne sais plus. « Elle établit des suites de mots en phrases en atelier », avais-je conclu, pas aussi hâtivement qu’il n’y paraît. Parce que les charnières entre chaque mot, il faut bien les construire. Et à la bonne taille, encore. Et les gonds ne doivent-ils pas contenir les phrases, sans qu’elles ne dépassent et sans jour autour ? Du jour autour des lettres, cela donne quoi ? Eh bien cela laisse passer la lumière. Et la lumière aide à mieux visualiser ce dont on cause en prose. Mais encore faut-il que les rais ne visent là où ça sert à dire/sentir/pâlir. Pour cela, il faut les outils, les clés, les matériaux, les idéaux. Un stylo comme un bon marteau qui tape à point nommé et enfonce un peu plus le clou du spectacle. Ligne après ligne. Et page. Duchesse en travaux, comme dans la chanson. « Et les copeaux ? Elle en fait quoi des copeaux ? » avais-je encore plus demandé. « Elle les remise et les replace en couleur çà et là. Ambiance dénouement avec fleurs et collerettes ». Elle en savait, l’assemblée, que j’ignorais moi-même. J’aurais bien vu paillettes mais l’étape est plus lointaine ou ailleurs. L’atelier du doreur ? Plus loin en marchant vite, à main droite dès doublés les chœurs à pic. Le brillant se mérite. Me languirais bien, si je pouvais. Mais ce temps qui presse !

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