jeudi 8 juillet 2010

Chartier (qui continue)


Episode 5

Les autres sont embêtants. Ils jouent au ballon au Luco alors même que tu as décidé de ne pas y jouer pour éviter le bruit qui en résulterait forcément. Ce midi-là, ce lendemain-là, le silence que je me suis préconisé s’est vu anéanti par ces gens qui ont préféré jouer au ballon plutôt que de lire et, par conséquent, qui ont causé le bruit que je m’étais épargné.

Mes capacités mobiles réduites, pour cause de peu de sommeil peu sobre, ne m’ont pas permis de marcher plus avant dans le grand jardin public. Aussi, je me suis contenté de cette chaise en fer, voisine du kiosque à bruit.

Le va-et-vient des promeneurs était suffisamment peu accéléré pour me bercer. Sans doute il allait se transformer bientôt en un mouvement et trop rapide et trop répétitif pour que je m’en tire sans la nausée habituelle. Je n’étais sûr de rien. Ni du temps, ni de moi-même, ni de la suite. L’ombre était plaisante malgré le bruit. Mes paupières baissées sur mes pauvres yeux ont trouvé un subterfuge aux allées et venues obsédantes des promeneurs débiles qui n’allaient pas tarder à me retourner l’estomac : le noir.

Trouver une revendeuse d’Alka-Seltzer, genre pharmacienne, serait ma mission d’après la sieste.

Je n’avais encore jamais concrétisé l’idée de devenir copain avec un arbre. C’est désormais chose faite. Ce jour-là, les arbres sympa du Luxembourg sont devenus mes meilleurs amis. En bande. J’ai dormi une bonne heure sous leur aile, à l’abri du chaud. Ils sont gentils, les arbres.

Un petit peu mieux reposé et largement moins saoul, des cachets salvateurs dans le ventre et d’autres dans la poche en cas de moins bien, je me suis dirigé vers mon lieu de rendez-vous de fin d’après-midi. Une brasserie près de l’Odéon. M’y attendait un auteur en mal de reconnaissance médiatique. Rapidement - même très - je lui ai promis de le « faire connu » et lui ai annoncé le prix de la course. Il y croit, est comblé. Je sors.

Cette fois encore, tout s’est déroulé comme de bien entendu, si ce n’est le regard amusé du serveur italien, qui a semblé ne pas perdre un seul détail de mon exposé huilé, et dont je me suis demandé s’il n’allait pas intervenir et ruiner mon château de cartes, en bon étudiant en rhétorique qu’il était, exerçant le petit boulot de garçon de café pour payer ses cours. Je dois avouer qu’une oreille avertie saurait démasquer mes propos bidons en deux coups les gros. Quoi qu’il en soit, je jeune homme étudiait les maths ou pas. Il m’a laissé conclure sans m’interrompre. Charmante personne.

Plus tard dans cette journée, se sont succédés un dîner avec Jean-Marc - ami de longue date, amateur, lui aussi, de dîners en ville - et une invitation à assister à un concert.

Un mois d’une telle vie qui est la mienne.

Un mois sans rien de la fille.

Un mois de messages laissés après le pléonasme.


A suivre...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire