vendredi 15 octobre 2010

Chartier - Thisistheendmyonlyfriend


Episode 11

Une longue attente en salle, placée là à cet effet, en compagnie de deux bruyants sans qui j'aurais lu ce Doyle qui s'écornait depuis des jours au fond de mon grand sac à main, m'a contrainte à penser plus loin. Il m'est apparu que ma situation nouvelle de femme libérée n'avait encore qu'une valeur restreinte, au vu de sa non propagation au-delà de mon seul corps/esprit. Oui, l'information ne vaut que si elle est sue du plus grand nombre. C'est pourquoi je me suis décidée à le prévenir. Je lui ai téléphoné dès sortie de cette entrevue tellement pour rien, avec ces gens qui tellement ne me trouvent pas de travail.


J'avais gardé en mémoire le numéro de téléphone du plus grand nombre.


Rendez-vous pris/café/terrasse/jour. Il est arrivé en avance. Moi plus encore. l'idée de lui laisser ne serait-ce que le choix de notre ultime table commune m'a poussée dans la rue d'en bas de chez moi une heure plus tôt que nécessaire. Une heure pendant laquelle j'ai achevé la lecture du Doyle avec chien-phosphore. Une heure pendant laquelle j'ai oublié de penser les mots à donner en échange. Une heure pendant laquelle j'ai oublié mes et ma raison(s). Aussi l'ai-je embrassé si fort à son arrivée avancée. Avec les bras et le sourire.


Je me suis jetée aussi sec sur ma chaise de ferraille froide. Comme assise. Lui rayonnait.


Il a déversé le récit de ses quelques semaines précédentes, sans jamais s'arrêter plus de trois secondes par intervalle. Il m'a été impossible de rétablir un semblant de rupture. Il m'a été impossible de reprendre le pouvoir sur mes organes qui, eux, étaient plutôt d'accord avec la tournure que prenaient les choses. Aussi ai-je déclaré forfait.


Lorsqu'il n'y a plus aucun moyen de faire monter l'aventure au-dessus de la ceinture, ne faut-il pas savoir s'ébranler vers la vie comme elle va ?




Fin